La découverte de cristaux de gypse dans la grotte de l’Aguzou est récente. C’est en réalisant des photos en très haute résolution que l’on a pu observer la structure cristalline de fines aiguilles sur des dépôts argileux situés dans des secteurs très confinés.
La cristallisation du gypse
D’après Patrick Cabrol et Alain Mangin, la présence de gypse suppose celle de solutions sulfatées qui réagissent sur les calcaires. Elle suppose également la présence de sulfures dans la roche située à proximité de la cavité : des sulfures de zinc, la blende (ZnS), des sulfures de plomb, la galène (PbS), ou encore, plus couramment, des sulfures de fer, la pyrite (FeS2).
S’il peut provenir de gisements métallifères, le soufre peut également avoir une origine hydrothermale. Dans la roche, ces sulfures sont, le plus souvent, présents sous forme d’impuretés et rarement sous forme d’amas exploitables. Oxydés puis hydratés, ils donnent l’acide sulfurique qui, en attaquant le calcaire, rend possible la formation de gypse.
Principe et mécanismes
Lorsque ce phénomène se produit dans la dolomie (carbonate mixte de calcium et de magnésium : CaMg (CO3)2) et non un calcaire pur, les réactions chimiques sont les mêmes mais le résultat obtenu en fin de processus est l’epsomite MgSO4 • 7 H2O. Sa solubilité, très élevée, la rend rarissime mais lorsqu’elle apparait, c’est sous des formes très proche du gypse.
Si le facteur déterminant pour l’apparition de calcite et d’aragonite est une série de réactions chimiques, c’est une évaporation déposant les sels en solutions qui est à l’origine du gypse. L’existence de faibles débits et d’une forte évaporation est essentielle à la formation de dépôts. Aussi les forces déterminantes pour le concrétionnement du gypse sont-elles celles de la cristallisation.
La formation du gypse nécessite que l’eau séjourne très longtemps sur des sulfures très peu solubles. Pour que l’évaporation, moteur principal de la cristallisation du gypse, s’effectue correctement, le débit de l’eau doit également être très faible et la vitesse de circulation lente.
La plupart du temps, le gypse forme des petits cristaux allongés, le plus souvent isolés, en forme de paillettes. Dans les cas les plus exceptionnels ce sont des cristaux maclés du type ” fer de lance ”, des fils souples ou des aiguilles millimétriques. Ces formes magnifiques sont souvent blanches, parfois translucides, même s’il en existe des exemplaires exceptionnels de couleur ocre, jaune ou brune comme à la grotte de l’Aguzou.
Texte inspiré du livre "Fleurs de pierre" de Patrick Cabrol et Alain Mangin
Année 2000 Editions Delachaux et Niestlé